- IRAN - Actualité (1990-1996)
- IRAN - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique islamique d’IranPolitique intérieureLe 8 mai 1992 se tient le second tour des élections législatives. Elles bouleversent le paysage politique. Soutenue par le président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani et le «guide de la révolution» Ali Khamenei, l’Association du clergé combattant (Rouyaniyate), qui regroupe les «pragmatistes», ou modérés, remporte plus des trois quarts des sièges. Sa victoire écrasante sur les «radicaux» de l’Association des religieux combattants (Rouyaniyoun) se dessinait déjà dans les résultats du premier tour, le 10 avril. Défenseurs de l’héritage de l’imam Khomeyni et largement majoritaires au sein du Parlement sortant, les Rouyaniyoun sont dirigés par le président du Parlement, Mehdi Karoubi, qui ne parvient pas à se faire élire à Téhéran où les modérés conquièrent la totalité des sièges. L’opposition n’a pas participé au scrutin.Le 11 juin 1993, Hachemi Rafsandjani est réélu à la présidence avec 63 p. 100 des voix. Le taux d’abstention (44 p. 100) trahit la lassitude de la population. Contre toute attente, Ahmed Tavakkoli, candidat des riches familles du bazar, qui a fait campagne contre le népotisme et la corruption, obtient 24 p. 100 des suffrages.Le 30 janvier 1994, les autorités iraniennes annoncent, sans en préciser la cause, la mort de l’évêque Haik Hovsepian Mehr, disparu 11 jours auparavant à Téhéran.Le 1er février, Hachemi Rafsandjani échappe à un attentat.Le 20 juin, l’explosion d’une bombe dans le mausolée de l’imam Reza, à Meched, dans le nord-est du pays, fait 25 morts. Téhéran accuse les Moudjahidin du peuple, principal mouvement d’opposition armée, qui nie toute responsabilité.Le 2 décembre, quelques jours après la mort du grand ayatollah Mohammad Ali Araki, l’ayatollah Ali Khamenei, «guide de la République islamique», est désigné par les 2 plus puissantes associations religieuses du pays comme «source de référence», ce qui lui confère un pouvoir sur l’ensemble de la communauté chiite mondiale, qu’il partage avec 6 autres ayatollahs. Cette nomination qui, pour la première fois, est approuvée par le Parlement, conforte le pouvoir du chef spirituel du régime. Elle apparaît à certains dignitaires religieux et aux opposants comme un véritable coup de force.Le 4 avril 1995, des manifestations contre la vie chère, dans la banlieue de Téhéran, provoquent des affrontements meurtriers avec les forces de l’ordre.Les 8 mars et 18 avril 1996, les élections législatives confirment la prééminence de la droite conservatrice qui obtient une centaine de sièges sur 270. Mais leurs résultats illustrent également la percée des partisans du président Rafsandjani – environ 70 élus –, qui incarne la volonté de réforme économique libérale, ainsi que le retour de la gauche – également islamiste –, qui remporte une quarantaine de sièges.Le 3 juin, le conservateur Ali Akbar Nategh Nouri, qui ambitionne la succession de Hachemi Rafsandjani à l’issue du scrutin présidentiel prévu pour 1997, est réélu à la tête du Parlement.Vie économiqueEn 1990, les contacts reprennent avec les institutions financières internationales, marquant une étape importante dans la normalisation progressive des relations de l’Iran avec le monde extérieur. Le 31 janvier, un ambitieux plan quinquennal est adopté.Le 20 janvier 1991 est créé un marché libre des changes, applicable aux investissements privés, aux importations et exportations de produits finis et au tourisme. Il aboutit à une dévaluation massive. Le 14 mars, l’Iran obtient un prêt de la Banque mondiale, le premier depuis 1978. En mai, le gouvernement fait appel aux capitaux étrangers pour participer à la reconstruction du pays, après 8 ans de guerre contre l’Irak, et en particulier pour développer la production d’hydrocarbures.En 1992, l’Iran s’efforce d’ouvrir davantage son économie aux étrangers en les autorisant à acquérir jusqu’à 49 p. 100 du capital des sociétés iraniennes. Le gouvernement offre à la vente 67 p. 100 du capital d’une dizaine des plus importantes entreprises. Les bons qui permettaient à la population de se procurer des produits rationnés et subventionnés par l’État sont supprimés à partir du 17 août, conformément au souhait du F.M.I.En juin 1993, Hachemi Rafsandjani est réélu, mais avec une majorité diminuée, ce qui infléchit le cours de la politique économique et sociale. Il a pu se prévaloir de bons résultats économiques depuis 1989: une croissance moyenne de 8,3 p. 100, une production pétrolière qui a presque doublé, un taux de chômage réduit de 14,9 p. 100 à 11 p. 100, en dépit d’une expansion démographique parmi les plus fortes du monde. Cependant, la dévaluation, en mars, de 95 p. 100 du rial affecte durement les entreprises moyennes et légères. Le mécontentement populaire se traduit par de violentes manifestations dans plusieurs villes. En octobre, sous l’influence des conservateurs, Morteza Mohammed Khan remplace Moshen Nourbaksh, principal artisan de la réforme économique. Le nouveau ministre de l’Économie et des Finances a comme priorité le règlement du problème de la dette extérieure. Les droits de douane sont augmentés. Le gouvernement tente de juguler l’inflation en plafonnant le prix de vente de certaines denrées de base, rétablissant des subventions supprimées en 1988.En 1994, le gouvernement impose une cure d’austérité à l’économie iranienne en vue de parvenir à financer le plan quinquennal qui doit débuter en 1995. Parallèlement, il parvient à des accords de rééchelonnement de sa dette commerciale avec plusieurs pays, pour un total de 11 milliards de dollars.En 1995, les difficultés économiques et surtout financières de l’Iran, notamment en raison des sanctions décrétées par les États-Unis, contraignent le gouvernement à revenir sur certaines mesures de libéralisation. En juillet, le groupe français Total profite de l’absence forcée des compagnies américaines pour décrocher un contrat d’exploitation pétrolière d’un montant de 600 millions de dollars.En 1996, Téhéran poursuit sa politique d’austérité, qui consiste à affecter prioritairement ses revenus pétroliers et gaziers au remboursement de sa dette extérieure estimée à 30 milliards de dollars. Ce désendettement est indispensable pour obtenir les crédits internationaux de développement nécessaires à la diversification des sources de revenus.Le 12 août, la Turquie signe avec l’Iran un important contrat d’importation de gaz iranien d’une durée de 22 ans et d’un montant de 20 milliards de dollars, en dépit des menaces américaines à l’encontre des pays qui effectueraient des investissements massifs en Iran.Relations internationalesLe 9 février 1990, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution de 1979, Ali Khamenei, «guide de la République islamique», réitère la sentence de mort prononcée contre Salman Rushdie par l’imam Khomeyni le 14 février 1989.Le 21 juin, le plus grave séisme de l’histoire du pays secoue tout le Nord-Ouest, provoquant la mort de 35 000 personnes. Passant outre aux réticences des extrémistes opposés à l’accueil des équipes médicales et techniques étrangères, les autorités iraniennes acceptent finalement l’aide humanitaire occidentale. Celle-ci est l’occasion de nombreux contacts entre la population et les sauveteurs ainsi que d’une certaine ouverture diplomatique du régime.Le 27 septembre, les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne sont rétablies. Cependant, 3 otages britanniques sont encore retenus au Liban par des groupes pro-iraniens.Le 22 octobre, la C.E.E. lève les sanctions contre Téhéran.Au cours de la guerre du Golfe, en janvier-février 1991, l’Iran, qui était opposé à l’invasion du Koweït par l’Irak (2 août 1990), est également opposé à l’intervention occidentale, qui représente à ses yeux une attaque des infidèles contre les musulmans.Le 26 mars, l’Iran et l’Arabie Saoudite rétablissent leurs relations diplomatiques, rompues en avril 1988 par Riyadh. L’accord met fin au boycottage du pèlerinage de La Mecque par Téhéran.Le 6 août, Chapour Bakhtiar est assassiné en France, où il était réfugié depuis 1979. Les opposants au régime de Téhéran accusent celui-ci d’avoir commandité le crime.Le 29 décembre, l’accord réglant le contentieux financier entre la France et l’Iran est officiellement conclu à Téhéran.Le 29 décembre 1993, les autorités françaises expulsent vers Téhéran Moshen Sharif Esfahani et Ahmad Taheri, 2 Iraniens soupçonnés d’avoir participé, en Suisse, à l’assassinat de Kazem Radjavi, le frère de Massoud Radjavi, chef des Moudjahidin du peuple. La Suisse avait demandé leur extradition.Le 12 janvier 1994, le gouvernement suisse fait part au gouvernement français de son mécontentement à propos du renvoi en Iran des 2 terroristes et lui demande des explications.Le 17 avril 1995, le président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani entame une visite de 2 jours en Inde où il est reçu avec tous les honneurs.Le 30 avril, les États-Unis annoncent leur intention de soumettre l’Iran, qu’ils accusent de soutenir le terrorisme international, à un embargo commercial et financier. Ils invitent en vain leurs alliés à faire de même.Le 10 mai, lors du sommet américano-russe de Moscou, Washington parvient à faire renoncer Moscou au projet de vendre une usine de retraitement de l’uranium à Téhéran.Le 20 décembre, le Sénat des États-Unis vote un projet de loi qui autorise l’administration à adopter des sanctions, sur le sol américain, à l’encontre des entreprises étrangères qui investiraient plus de 40 millions de dollars dans le secteur énergétique en Iran. Adopté le lendemain par la Chambre des représentants, le budget des services de renseignements prévoit de consacrer 20 millions de dollars à «modérer» le régime de Téhéran. L’Iran proteste auprès de l’O.N.U.Le 5 août 1996, le président américain Bill Clinton signe la loi D’Amato-Kennedy, d’origine républicaine, qui prévoit la possibilité d’imposer des sanctions, sur le territoire américain, à toute société qui investirait massivement en Iran, pays considéré comme un soutien du terrorisme international. La même disposition est prise à l’encontre de la Libye. Les pays européens protestent.
Encyclopédie Universelle. 2012.